Evalog 20 ans
Le projet Evalog fête ses 20 ans d’existence en 2012, et près d’un millier de parents et d’enfants ont vécu cette évaluation par objectifs durant leur scolarité primaire.
Comme le disait Jacques Weiss, Directeur de l’IRDP, lors du démarrage du projet : la meilleure validation du procédé d’évaluation ne viendra pas d’une analyse scientifique, mais du simple fait qu’il fonctionne dans la réalité et sur la durée.
Depuis cette époque, (1991), le débat sur l’évaluation s’est figé, et dans la majorité des classes, on évalue en 2011 comme il y a trente ans. Il y a deux raisons essentielles à cela :
La première est politique : les tentatives de réformes de l’évaluation ont levé des vagues de contestation notamment dans les cantons de Vaud et Genève, portant de sérieux coups de freins à de belles carrières politiques. Et partout ailleurs, on s’est félicité, en voyant les autres dans la tempête médiatique, d’avoir eu la sagesse de ne rien tenter chez soi.
La seconde raison est justement médiatique : rarement les médias ont aussi mal expliqué les enjeux d'une réforme, résumant généralement la question à : « Pour ou contre les notes ? ». Ce qui est aussi stupide que « Pour ou contre les porte-plumes ? », Pour ou contre les tableaux noirs ? » ou « Pour ou contre la glace à la vanille ? » du moment qu’on n’explique pas ce qu’on pourrait avoir à la place.
Conséquence, alors que dans d’autres domaines l’école évoluait : intégration des élèves en difficulté, prise en compte des hauts potentiels, intégrations des nouvelles technologies, harmonisation des programmes, enseignement des langues etc. l’évaluation scolaire n’a pratiquement pas progressé. On ose à peine y toucher, préférant y ajouter une multitude de documents administratifs : rapports d’évaluation, rapport de redoublement, formule de transmission des données, évaluation des attitudes… Manifestement, on se rend bien compte de l’insuffisance de l’évaluation par notes qui ne permet pas de diagnostiquer, ni de planifier, ni de réguler, ni d’orienter ni même de justifier à elle seule les redoublements ou les mesure spécialisées.
Mais plutôt que changer carrément de système, on préfère le complexifier davantage en recommandant de confectionner des épreuves comportant un savant dosage d’expression, de compréhension et de structuration… une alchimie illusoire censée rendre la note plus juste, ou moins fausse.
Tout cela n’a pour effet que d’augmenter encore le temps investi dans les classes pour évaluer, au détriment du temps consacré à enseigner.
L’évaluation doit être un geste simple, disant à l’élève ce qu’il sait faire ou non. Ce qui suffit, expérience faite durant 20 ans, pour informer, réguler, certifier et orienter. Maintenant que les plans d’études sont exprimés par objectifs, l’évidence que l’évaluation qui lui correspond est une évaluation par objectifs crève les yeux. La crainte viscérale d’abandonner les notes s’évanouit dès lors qu’on comprend qu’un bilan d’évaluation par objectif peut être converti en pourcentage, en note sur 6, sur 10, ou sur 20, en lettres A,B,C,D… selon l’origine des croyances ou des angoisses à calmer.